On voit naître çà et là des injonctions à rire de ce qui nous chagrine pour prouver notre attachement à la liberté d’expression et attester que nous ne sommes pas des êtres psychorigides, mais les auteurs de ces mises en demeure semblent ignorer qu’on peut puiser notre rire ailleurs que dans le rabaissement de celles et ceux qui sont déjà en souffrance.
Et si, comme le pense Bergson, le rire ne saurait atteindre son but en portant la marque de la sympathie et la bonté, alors soyons désinvoltes envers ceux que l’humour désobligeant épargne trop souvent par lâcheté: au lieu des minorités discriminées, des classes dominantes, rions des racistes, des misogynes.